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mercredi 17 mars 2010

"Les pesticides pourraient être le prochain scandale sanitaire"

Par Elodie Bousquet, publié le 04/03/2010 à 16:14 - mis à jour le 08/03/2010 à 09:13

La MGRDF a déjà obtenu plus de 160 témoignages attestant du lien entre l'utilisation des pesticides et le développement de maladies comme le cancer.
Alors que le Salon de l'Agriculture bat son plein, de plus en plus de professionnels souffrent de cancers dus à l'utilisation de pesticides. Un combat cher à Nadine Lauverjat, de l'association militante MDRGF.
Pourquoi avoir mis en place la campagne "Victimes des pesticides"?
Depuis 10 ans, des gens viennent nous voir à la MDRGF afin de témoigner de leur état de santé directement lié à l'utilisation des pesticides. Beaucoup de particuliers, mais aussi de plus en plus de professionnels. Au départ nous essayions simplement de leur donner des conseils juridiques et scientifiques. Mais devant l'ampleur du phénomène nous avons pris la décision, en partenariat avec l'Alliance Santé Environnement, de créer quelque chose de plus visible. Le but était de prévenir et d'informer les particuliers comme les professionnels des risques et des conséquences sanitaires liées à l'utilisation de ces produits toxiques.
Comment votre action a-t-elle été accueillie dans le monde de l'agriculture?
Les agriculteurs sont encore très distants vis à vis du message que nous véhiculons. Il faut savoir que ce milieu est assez fermé. On ne parle pas de la maladie liée au métier. Etre malade c'est faire preuve de faiblesse. De plus, très souvent, les professionnels qui tombent malades se sentent coupables, ils imaginent que c'est uniquement de leur faute s'ils en sont arrivés là. Il y a une telle omerta sur le sujet que notre première mission a été de faire se rencontrer toutes ces personnes. Cette mise en relation, ce nouveau réseau est très important. Il permet aux victimes de prendre du recul, de discuter de la possibilité d'une reconversion de leur métier. La plupart d'entre eux n'ont finalement qu'un souhait: aider les autres grâce à leurs témoignage.
Au-delà de la prévention, quel est votre objectif aujourd'hui?
Aujourd'hui nous essayons de favoriser l'entraide dans le milieu agricole par le biais d'actions concrètes, de rencontres, de conférences. Ce week-end nous avons fait venir un agriculteur qui s'est mis au bio après être tombé malade il y a quelques années. Il racontait à ses confrères à quel point cela avait été difficile car mal perçu par la profession. Mais il les a aussi rassurés en leur indiquant qu'il avait découvert une vraie solidarité chez les agriculteurs bio. C'est ce genre de choses qui peut les encourager à franchir le cap d'une transformation de leurs habitudes de travail.
Même si le gouvernement 'encourage' les cultures plus vertes, il n'y a pas d'argent pour aider les agriculteurs qui veulent se reconvertir
Après être tombé malade, combien sont-ils à changer de manière de travailler?
Trop peu malheureusement. Il y a quelques jours, je discutais avec la femme d'un agriculteur atteint d'une leucémie. Elle m'expliquait qu'ils voudraient changer de manière de travailler mais qu'ils ne peuvent tout simplement pas. Car la priorité, c'est d'abord de se soigner. Et surtout, se mettre au bio coûte très cher et reste très compliqué. Il faut savoir qu'actuellement, même si le gouvernement "encourage" les cultures plus vertes, il n'y a pas d'argent pour aider les agriculteurs qui veulent se reconvertir.
Lancez-vous un appel au gouvernement?
Bien sûr! Nous souhaitons obtenir rapidement un rendez-vous au ministère de l'Agriculture. Nous comptons lui apporter notre liste qui regroupe aujourd'hui 134 témoignages de particuliers et 40 de professionnels. Nous avons aussi des études scientifiques récentes à l'appui, qui confirment nos craintes sur le rapport pesticides/cancer. A ce sujet, 20 cas sont aujourd'hui reconnus officiellement comme maladie professionnelle.
Quelles sont vos exigences?
Nous souhaitons impérativement la mise en place d'un fond d'indemnisation pour les victimes. Mais nous voulons aussi le renforcement des méthodes informatives sur l'agriculture sans pesticides. Enfin, nous demandons la mise en place d'une zone de non-pulvérisation en milieu rural et l'interdiction pure et simple de l'utilisation des pesticides en ville.
Selon vous, peut-on dire aujourd'hui que les pesticides représentent le prochain scandale sanitaire après l'amiante?
Selon moi, l'utilisation des pesticides pourrait avoir une portée bien plus importante que ce qui s'est passé avec l'amiante. Les pesticides touchent tout le monde! Les agriculteurs et les producteurs mais aussi les particuliers qui vivent à proximité des zones de diffusion sans oublier les consommateurs qui achètent des fruits et des légumes contenant des résidus de produits... C'est pour cela qu'il est important de prendre de vraies mesures et cela sans plus attendre.

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