13.02.10 - 21:32
La rose est "La" fleur de la Saint Valentin. Si beaucoup se ruent  chez les fleuristes pour l'offrir à l'être aimé, peu savent qu'elle nous  vient de loin et que sa culture vide certains lacs du Kenya. Le  biologiste David Harper tire la sonnette d'alarme.
La Saint Valentin est souvent l'occasion pour les amoureux de  s'offrir cette jolie reine des fleurs qu'est la rose rouge, symbole de  l'amour. Mais la Saint Valentin ne tombe pas au printemps, ces roses  poussent donc soit dans des serres chez nous soit dans des pays chauds.  Et c'est le cas pour une grande partie des fleurs vendues chez les  fleuristes qui viennent du Kenya, de Colombie, d’Équateur ou de  Zimbabwe. Là-bas, ces fleurs ont du soleil mais elles nécéssitent aussi  beaucoup d'eau. Et c'est là que se pose le problème, les besoins en eau  pour la floriculture dégradent le lac Naivasha, au Kenya. C'est le  biologiste David Harper, fin connaisseur de la région qui profite de la  fête des amoureux pour clamer haut et fort que le lac Naivasha se meurt.
En cause, la floriculture de masse qui est en plein boom au Kenya.  Les exportations horticoles kényanes constituent l'une des principales  sources de fleurs, roses et œillets, européennes. Autour du lac  Naivasha, les immenses fermes industrielles dédiées à la floriculture  emploient près de 3 000 travailleurs. Une véritable aubaine pour ce pays  où 40% de la population est touchée par le chômage. Mais cette  opportunité économique a ses revers.
Trop de pesticides et de pompages
L'utilisation massive de pesticides empoisonne l'eau et les pompages  intempestifs ont vidé une bonne partie du lac. L'eau qui alimente les  bidonvilles environnants retourne au lac sans aucun traitement  assainissant. La plupart des plantes indigènes ont disparu. Et les  cultivateurs consomment de grandes quantités de pesticides, dont de  la chlorure de méthyle, qui menace la faune, la flore mais aussi  habitants. "Si les choses continuent de la sorte, si aucune  régulation n'est mise en place, dans moins de dix ans, le lac ne sera  plus qu'un étang boueux malodorant", déplore le biologiste au  journal suisse Le Temps.
Du Kenya aux Pays-Bas
Coupée au Kenya, la rose met peu de temps avant de se retrouver sur  les marchés d'Amsterdam. Elle y est achetée par de grandes enseignes et  se retrouve sur nos étalages avec la mention "Origine: Pays-Bas".
Comme la main-d'œuvre kényane est très bon marché, les  ouvriers touchent entre 1 et 2 dollars par jour, et que cultiver des  fleurs sous serres en Europe coûte aussi cher, le calcul est vite fait.  D'autant plus que la culture en serre demande beaucoup d'énergies: de la  chaleur et de la lumière pour la pousse, puis de bons frigos pour  réfrigérer les fragiles roses après la récolte.
Une alternative équitable?
Certains producteurs responsables se sont réunis sous la bannière du  commerce équitable. Ils traitent directement avec les acheteurs  européens. "Ils ne représentent que 10% des producteurs et leurs  pratiques ne concernent en rien l'environnement", souligne David  Harper.
Heureusement qu'il existe de nombreux autres petits cadeaux à offrir à  sa belle le jour de la Saint Valentin.
E. Watterman avec Le Temps


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