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samedi 7 novembre 2009

La résistance allemande au nazisme.

La résistance allemande pendant la seconde guerre mondiale.

La Gazette Picarde le 07/11/2009





Nous célébrons le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin. J'ai trouvé important à cette occasion d'apporter quelques éclaircissement sur un sujet rarement exploré mais bien réel qu'il ne faut pas occulter: celui de la résistance allemande contre le nazisme.

Tous les documents que vous allez lire ont été trouvé sur Internet et j'essaie autant que faire se peut d'y associer les sources.
Contre le nazisme, être résistant en Allemagne

En Allemagne, la résistance au nazisme ne fut le fait ni d'un seul groupe ni d'un mouvement de masse. Même s'ils furent une minorité, des Allemands, hommes et femmes de toutes les catégories politiques, sociales et religieuses, combattirent Hitler, connurent l'exil et les camps et trouvèrent la mort.

Lorsqu'on parle de la résistance allemande, il faut d'abord rappeler qu'il ne s'agissait ni d'un seul groupe ni d'un mouvement de masse. Certes, on y trouve des représentants de toutes les catégories politiques, sociales et religieuses, mais même aujourd'hui - soixante ans après -, il nous est pratiquement impossible d'avancer leur nombre exact. Les procédures juridiques sont une des principales sources pour obtenir une première estimation. Il s'agit aussi bien de dossiers de l'époque nazie que de ceux de l'après-guerre, lorsque les survivants en RFA et en RDA ont tenté d'obtenir une indemnisation ou la réinstallation dans leurs droits. Mais quel que soit le chiffre avancé - entre 150 000 et 500 000 résistants - leur nombre reste faible par rapport aux 70 millions de personnes que comptait le Reich avant la guerre.
Les premiers touchés par la répression furent notamment les adversaires politiques des nationaux-socialistes. La chasse aux communistes commence dès l'arrivée de Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933. Trois semaines plus tard, le 22 février, SA (1) et SS (2) deviennent police auxiliaire en Prusse. Arrêtés en masse un jour après l'incendie du Reichstag à la suite de l'ordonnance du 28 février sur la "protection du peuple et de l'État", les communistes obtiennent quand même 12,2% lors des élections du 8 mars 1933. Étant donné qu'ils ne sont pas présents lors de la première réunion du nouveau Reichstag, les 43,9% des voix obtenus par le parti national-socialiste (NSDAP) plus les 11,2% pour le Centre (le parti des Catholiques), et les 8% pour les nationaux-démocrates (DNVP) suffisent à Hitler pour faire passer la "loi sur les pleins pouvoirs" à la majorité des deux tiers imposée par la Constitution de la République de Weimar qui reste en vigueur jusqu'en 1945.

[(1) SA (Sturm Abteilung) : organisations paramilitaires, les sections d'assaut, créées en marge du parti nazi, sèment la terreur dans toute l'Allemagne.

(2) SS (Schutzstaffel) : organisations paramilitaires, les SS, qui supplantent progressivement les SA, assurent la sécurité intérieure de l'Allemagne nazie puis celle des territoires occupés ainsi que la gestion et la garde des camps de concentration.]


Les sociaux-démocrates qui avaient obtenu 18,2% lors des élections du 8 mars et ont voté contre la "Loi sur les pleins pouvoirs" sont la prochaine cible. En mai 1933, le parti crée une direction extérieure, la SOPADE, qui s'installe d'abord à Prague, puis à Londres. Le Centre cesse ses activités politiques après la signature du Concordat d'État entre l'Allemagne de Hitler et le Vatican à Rome le 20 juillet 1933.
Une semaine auparavant, le 14 juillet, Hitler déclare le NSDAP parti unique en Allemagne. À partir de cette date, toute forme d'engagement politique en dehors du "mouvement national-socialiste" est illégale et risque d'être sanctionnée immédiatement. Mais, même dans cette situation précaire et difficile pour tous les militants, la gauche n'est pas prête à oublier ses querelles. La rivalité entre communistes et sociaux-démocrates permet à la Gestapo de venir vite à bout de leurs organisations clandestines.
Le même sort est réservé aux opposants - beaucoup moins nombreux - venant de la droite et du parti du Centre. Ils sont soit arrêtés soit mis à mort lors de "la nuit des longs couteaux", le 30 juin 1934 (Röhm-Putsch). Une partie des protestants s'organisent en octobre 1934 sous forme d'une "Direction provisoire de l'Église confessante (Bekennende Kirche)".

Sources





D'entrée quelques chiffres :





Les statistiques de l'appareil répressif nazi, en particulier de la Gestapo et des divers tribunaux, donnent une idée de l'ampleur de la résistance allemande au nazisme :

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de 1933 à 1939, 225 000 personnes sont condamnées pour motifs politiques à des peines de prison plus ou moins longues et 1 000 000 d'Allemands et d'Allemandes sont envoyés dans les camps de concentration pour les mêmes raisons,
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Pour la seule année 1933, le journaliste Curt Bley compte 100 000 personnes ayant exercé une activité antinazie réelle,
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Au cours de l'année 1941, 11 405 opposants de gauche sont arrêtés par la Gestapo,
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En 1944, environ 500 000 personnes sont arrêtées, dont, il est vrai, une forte proportion d'étrangers,
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De 1933 à 1945, 32 500 personnes sont condamnées à mort et exécutées, la plupart du temps pour motifs politiques,
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Pour la seule période allant du 30 janvier 1933 au printemps 1936, 1 359 personnes sont assassinées par des agents du régime nazi,
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Vers 1935-1936, la Gestapo estime qu'il existe 5 708 centres clandestins diffusant des tracts, affiches et brochures.
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En 1936, elle saisit 1 643 200 tracts du Parti socialiste(SPD) et du Parti communiste (KPD), et encore 927 430 l'année suivante.



La résistance allemande au nazisme (1933-1945), longtemps méconnue hors d'Allemagne s'est manifestée sous diverses formes, en provenance de tous les milieux politiques, sociaux et confessionnels, quoique les communistes aient organisé les groupes de résistance active les plus importants.

On distingue plusieurs formes de résistance au nazisme à l'intérieur de l'Allemagne même et des territoires annexés. Ses éléments les plus connus, bien que d'importance numérique très différentes, sont l'organisation communiste Orchestre rouge , le groupe d'étudiants chrétiens de La Rose Blanche et l'attentat contre Hitler du 20 juillet 1944 réalisé par le comte Claus Schenk von Stauffenberg.



L’Orchestre Rouge - Die Rote Kapelle



Dés le début des années trente, se forment des cercles de résistance autour du conseiller supérieur du gouvernement et scientifique Arvid Harnack et du lieutenant Harro Schulze-Boysen, employé au ministère de l'aéronautique.

Ces deux cercles rassemblent une centaine d'opposants au régime nazi. Ils se joindront pour former l'Organisation Harnack / Schulze-Boysen, qui sera nommée par la Gestapo l'Orchestre Rouge ("Rote Kapelle").

Les membres de cette organisation, unis par leur volonté de mettre fin au régime nazi et à la guerre, proviennent d'horizons divers et de couches sociales différentes. Leurs activités sont multiples.

Certains membres ne feront connaissance qu'au moment du procès. Au sein du réseau règne un véritable partage du travail où hommes et femmes sont à égalité. On utilise les relations et les compétences de chacun

Pour attirer l'attention de la population allemande sur le caractère criminel du régime nazi, ils rédigent de nombreux tracts et les distribuent. Grâce à la diversité de ses membres, le groupe peut se procurer des informations de toute première main, sur les crimes et sur les derniers projets du régime nazi, pour en informer la population.

Mais le travail de résistance de ce groupe ne se limite pas aux tracts et aux affiches. Lorsque les résistants apprennent le projet nazi de conquérir l'Europe, ils en avertissent les pays menacés.

Ils informent entre autres l'Union soviétique de l'attaque imminente de la Wehrmacht, mais ils ne sont pas pris au sérieux.

A partir de fin 1941, ils coopèrent avec les bureaux des renseignements soviétiques à Paris et à Bruxelles, sans pour autant devenir des agents soviétiques et perdre leur indépendance, comme les autorités nazies le prétendront par la suite. L'organisation souhaitait plutôt œuvrer pour une Allemagne socialiste mais souveraine.

Le travail du groupe consiste alors à rassembler des informations, à rédiger des tracts, à les reproduire et à établir le contact avec d'autres groupes de résistance à Berlin, à Hambourg, en Allemagne centrale et en Bavière. Le groupe réussit ainsi à élargir la zone de distribution de ses tracts, et parvint même à en envoyer aux soldats du front. Pendant l'hiver 1942, il entra en contact avec le groupe de résistance "La Rose Blanche" à Munich par l'intermédiaire du frère d'Arvid Harnack, Falk Harnack, qui rencontra des membres de ce groupe.

Outre le travail visant à informer la population allemande des crimes commis par le régime nazi, en particulier dans les territoires occupés à l'Est, l'organisation œuvrait de toutes ses forces pour la défaite militaire de l'Allemagne nazie. Aussi transmettent-ils des secrets militaires à l'URSS par radio, à l'aide d'émetteurs fournis par les renseignements soviétiques. Les transmissions présentent un grand risque, et les résistants doivent donc toujours changer très rapidement de lieu d'émission pour ne pas être découverts par la Gestapo.

La maintenance et la réparation des émetteurs-radio posent de grands problèmes. Les membres du groupe organisent des rencontres avec des agents parachutistes soviétiques pour que ces derniers puissent effectuer les réparations les plus compliquées.

A la fin de l'année 1942, l'organisation est démantelée par la Gestapo, et plus de cent personnes sont arrêtées.

Parmi les 139 membres du réseau arrêtés se trouvent 52 femmes. A l'instar des épouses des leaders, Mildred Fisch-Harnack, (américaine d'origine), et Libertas Schulze-Boysen, qui ont tout naturellement assisté leur mari dans leurs tâches de résistants, ces femmes ont, pour un bon tiers d'entre elles, fait des études et atteint un degré d'émancipation et de politisation bien supérieur à la moyenne. Quand à celles issues de milieux modestes, elles ont témoigné le souci d'améliorer leur formation.

Au cours des procès suivant l'arrestation du groupe, 49 hommes et 19 femmes sont condamnés à mort et exécutés, dont la jeune communiste Hilde Coppi, qui a mis au monde son fils en prison .

Lorsque Hitler apprendra que Mildred Harnack et de la comtesse Erika von Brockdorff ont été "seulement" condamnées à la réclusion, il demendera personnellement que leur procès soit révisé. Nouveau verdict: condamnées à mort, bien entendu!

Sources



MERLIO Gilbert, Les résistances allemandes à Hitler, éd Tallandier, 2003, 23 euros , ISBN :2-84734-089-0






Résistance communiste issue du KPD



Les groupes les plus connus sont :

L'Aide Rouge (Die Rote Hilfe) (Paris)

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Fondé (quand ?) à Paris par le résistant communiste Wilhelm Beuttel (ancien député communiste au parlement de Hesse).
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Activité : soutient les persécutés du régime national-socialiste.
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Issue : Wilhelm Beuttel retourne en 1942 en Allemagne et résiste au sein du groupe de Wilhelm Knöchel. Il est arrêté par la Gestapo en 1943 et exécuté en 1944.

Le groupe de Wilhelm Knöchel (Ruhr) (1941-1943)

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Fondé en 1941 par Wilhelm Knöchel (qui dirige depuis 1935 le comité exilé du KPD à Amsterdam et rentre en 1941 en Allemagne pour réorganiser la résistance dans la Ruhr).
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Activité : diffusion du journal antinazi Le Combattant de la Paix (Der Friedenskämpfer).
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Issue : Wilhelm Knöchel est arrêté par la Gestapo en 1943 et exécuté en 1944, et son groupe démantelé. Une cinquantaine de résistants du groupe sont arrêtés et tués.

Le groupe de Josef (Beppo) Römer (1940-1942)

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Fondé par Josef Römer (qui avait publié à la fin des années 1920 un journal communiste, Aufbruch, et est déporté de 1933 à 1939).
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Activité : Josef Römer tente d'organiser un attentat contre Hitler et contacte les cercles de résistance d'Adam von Trott zu Solz et Robert Uhrig. En 1940, Römer diffuse le journal clandestin Informationsdiens.
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Issue : Josef Römer est arrêté en 1942 et exécuté en 1944.

Le groupe de Robert Uhrig (Berlin) (1938-1942)

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Fondé en 1938 à Berlin par Robert Uhrig (déjà arrêté en 1934 pour activité clandestine). Groupe de 100 membres en 1940 et 200 en 1942.
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Activité : formation des groupes de résistants communistes au sein des entreprises, tentative de créer un service de renseignements avec d'autres mouvements, notamment Harnack/Schulze-Boysen.
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Issue : organisation démantelée par la Gestapo en 1942. Une centaine de résistants (dont Robert Uhrig) sont arrêtés, déportés en camp de concentration, et exécutés en 1944. Les survivants rejoignent le groupe d'Anton Saefkow.

Le groupe de Walter Budeus (Berlin) (1936-1942)

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Fondé en 1936 par Walter Budeus dans l'entreprise où il travaille (Berlin). Groupe d’une cinquantaine de résistants.
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Activité : collecte d’informations sur l'industrie de guerre, diffusion de tracts. Contact à la fin des années 1930 avec les groupes de Robert Uhrig et Beppo Römer.
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Issue : Walter Budeus est arrêté en 1942 et condamné à mort en 1944.

Le groupe de Bernhard Bästlein, Oskar Reincke et Franz Jacob (Hambourg) (1941-1944)

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Fondé en 1941-1942 par Bernhard Bästlein, Oskar Reincke et Franz Jacob au sein des chantiers navals de Hambourg.
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Activité : diffusion de tracts, envoi des lettres aux soldats stationnés au front de l'Est pour les inciter à refuser de combattre. En contact avec d'autres mouvements de résistance, notamment l'organisation Harnack/Schulze-Boysen.
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Issue : arrêtés par la Gestapo en 1943 puis 1944. Une soixantaine de résistants exécutés en 1944-1945.

Le groupe d'Anton Saefkow et Franz Jacob (Berlin) (1943-1944)

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Fondé en 1943.
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Activité : diffusion de tracts, en contact en 1944 avec Julius Leber et Adolf Reichwein, résistants sociaux-démocrates membres du complot du 20 juillet 1944.
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Issue : la Gestapo arrête en juin 1944 Anton Saefkow, Franz Jacob, Julius Leber et Adolf Reichwein. Des centaines de résistants de ce groupe sont arrêtés et assassinés.

Le groupe de Theodor Neubauer et Magnus Poser (Thuringe) (1942-1944)

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Fondé en 1942 par Theodor Neubauer (qui était déjà passé par des camps de concentration).
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Activité : en contact avec d'autres groupes de résistance, par exemple avec un groupe de l'université d'Iéna, ainsi qu'avec un groupe du camp de concentration de Buchenwald, envoi de nourriture, de tracts et d’armes aux prisonniers.
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Issue : Theodor Neubauer est arrêté en 1944 et exécuté en 1945.

Le groupe de Georg Schumann et Otto Engert (Leipzig) (1943)

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Fondé vers 1943.
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Activité : ambition d’unifier les divers mouvements de résistance communistes, donc en contact avec les groupes de Harro Schulze-Boysen, de Theodor Neubauer et Magnus Poser, d’Anton Saefkow, mais aussi avec des prisonniers de guerre russes et des travailleurs de force étrangers.
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Issue : ?

L'organisation Allemagne libre (Freies Deutschland) (1943)

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Fondé à Cologne en 1943 par un réseau de résistants communistes. Groupe de plus de 200 membres de toutes idéologies.
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Activité : diffusion de tracts incitant à des sabotages et des désertions, aide aux travailleurs de force étrangers prisonniers en Allemagne.
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Issue : la Gestapo arrête de nombreux membres du groupe, qui se disloque.

Comité national de l'Allemagne libre (Nationalkomitee Freies Deutschland, NKFD) (1943)

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Fondé à Moscou en juillet 1943 par le comité central du KPD exilé à Moscou et des militaires faits prisonniers de guerre après la capitulation de la 6e armée à Stalingrad. Chefs : Wilhelm Pieck et Walter Ulbricht, futurs dirigeants de la RDA. Président du comité : Erich Weinert, écrivain allemand.
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Activité : détourner les prisonniers de guerre allemands du nazisme et encourager les soldats allemands (de toutes idéologies) à déserter ou à se rendre à l'Armée rouge. Le Comité prétendait lutter pour la chute d'Hitler et du national-socialisme, censés mener l'Allemagne à sa destruction, et militer pour une Allemagne libre et indépendante dans les frontières de 1937. En RFA, l'historiographie a souvent décrit le mouvement comme une trahison de l'Allemagne plus ou moins forcée par les Soviétiques[14]. En RDA au contraire, le mouvement était célébré comme la véritable résistance au nazisme avec le KPD comme avant-garde. D'autres mouvements « Allemagne Libre » ou « Freies Deutschland » sont fondés sur le modèle du NKFD en août et septembre 1943 en France, Belgique et Suisse par des exilé-e-s communistes allemand-e-s, souvent résistant-e-s et vivant dans la clandestinité dans les deux premiers pays et souvent internés en camps pour réfugiés et agissant clandestinement pour le troisième.



Résistance communiste indépendante du KPD



Les groupes les plus connus sont :

Parti communiste d'Allemagne oppositionnel (Kommunistische Partei Deutschlands (Opposition), KPO)

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Fondé en 1928 par exclusion de militants du KPD critiques. Après 1933 : fonde en France un comité exilé (Auslandskomitee, AK) en contact, grâce à un réseau de messagers, avec les résistants du KPO en Allemagne.

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Activités : information sur le régime hitlérien, former avec les résistants exilés une union des travailleurs contre le nazisme, diffusion de tracts, création des cellules syndicales clandestines.
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Issue : bien organisé, semble avoir échappé à la Gestapo.

L'Orchestre rouge (die Rote Kapelle) : lire plus haut.

Le groupe de Herbert et Marianne Baum (Berlin) (1938-1942)

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Fondé en 1938-1939 par Herbert Baum (électricien juif) et sa femme Marianne (qui luttaient depuis 1933 au sein des jeunesses communistes) avec des adolescents juifs proches du communisme. Jusqu'à 100 membres.
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Activité : jusqu'en 1941, c'est un groupe d'études. À partir de 1941, il entre dans la résistance active : diffusion de tracts antifascistes et, en mai 1942, attaque (désordonnée) contre le centre de propagande antisoviétique (Das Sowjetparadies) de Lustgarten (Berlin).
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Issue : arrestations en 1942. Donc de très nombreux morts par exécution (une vingtaine), suicide (Herbert Baum) et en camp de concentration. Mais aussi déportation en camp de concentration de 500 juifs berlinois à titre de représailles.

Les RKD (Communistes révolutionnaires d'Allemagne).

Les groupes communistes de conseils issus du Parti communiste ouvrier d'Allemagne (KAPD, créé en 1920) : Kommunistische Räte-Union et Rote Kämpfer.
Autorités officielles de l'Église catholique

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Encyclique Mit brennender Sorge du pape Pie XI (14 mars 1937), lue en chaire dans toutes les églises d'Allemagne le 21 mars 1937, dimanche des Rameaux. Cette encyclique a été publiée par le Vatican en allemand. Elle est distribuée dans les églises et diffusée dans la presse le 22 mars 1937. Les nazis déportent 306 prêtres au camp de concentration de Dachau.
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Konrad von Preysing (évêque de Berlin) : un des rares évêques ouvertement antinazi.
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Erich Klausener (directeur de l'action catholique de l'évêché de Berlin) organise une énorme messe en plein air, puis est assassiné le 30 juin 1934.
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Michael von Faulhaber (archevêque) proteste en 1940 auprès du ministre de la Justice au sujet de l'assassinat des invalides et des malades mentaux.
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Clemens August von Galen (évêque de Münster) proteste officiellement en 1934 contre Alfred Rosenberg (théoricien du nazisme païen). En 1941, il condamne en chaire l'assassinat des malades mentaux et des invalides.
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Mühler (ancien dirigeant de l'action catholique de Munich) est arrêté en 1933 pour avoir parlé du camp de concentration de Dachau.
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Bernhard Lichtenberg (prieur de la cathédrale de Berlin) appelle au lendemain de la Nuit de cristal (novembre 1938) à prier pour les Juifs et les prisonniers des camps de concentration (il est mort déporté en 1943).



Sources



La Rose Blanche – Die Weisse Rose



Le groupe de résistance La Rose Blanche fut fondé au printemps 1942, à l'université de Munich, par Hans Scholl et Alexander Schmorell.

Les jeunes étudiants refusaient d'accepter le totalitarisme dans lequel avait sombré l'Allemagne, et voulaient sauvegarder leur indépendance d'esprit face au "nihilisme intellectuel" que représentait le nazisme. Ils parlèrent de la situation politique avec Kurt Huber, professeur à l'université de Munich, réputé pour ses cours de philosophie qui impressionnaient et influençaient beaucoup les étudiants. Kurt Huber les encouragea à résister et devint le mentor de la Rose Blanche.

Révoltés par la dictature hitlérienne et les souffrances causées par la guerre, les étudiants se décidèrent à agir pendant l'été 1942. Hans Scholl et Alexander Schmorell rédigèrent les quatre premiers tracts ; ils les envoyèrent par la poste de la fin du mois de juin à la mi-juillet à des destinataires soigneusement choisis à Munich, principalement des intellectuels. Les étudiants se référèrent dans leurs tracts à d'éminents penseurs et écrivains comme Schiller, Goethe, Novalis, mais aussi Lao Tseu, Aristote, et citèrent également la Bible. Les destinataires de ces tracts, pour la plupart écrivains, professeurs d'université, directeurs d'établissements scolaires, libraires et médecins de Munich et de ses environs, étaient censés reproduire les tracts et les envoyer au plus grand nombre possible de gens.

En juillet 1942, Hans Scholl, Alexander Schmorell et Willi Graf furent incorporés dans la Wehrmacht en tant qu'étudiants en médecine, pour servir comme infirmiers au front de l'Est ; ils furent envoyés en URSS pour trois mois. De retour en Allemagne, ils prirent contact avec d'autres groupes de résistance. Hans Scholl et Alexander Schmorell se mirent ainsi en relation avec Falk Harnack, le frère de Arvid Harnack, l'un des dirigeants de l'organisation Harnack-Schulze-Boysen. Pendant l'hiver 1942-1943, lorsque la bataille de Stalingrad atteignit son paroxysme, les étudiants rédigèrent avec leur professeur Kurt Huber le cinquième tract de la Rose Blanche. Des milliers d'exemplaires furent imprimés et distribués non seulement à Munich, mais aussi à Augsbourg, Francfort, Stuttgart, Salzburg, Linz et Vienne.

Membres de La Rose Blanche à Munich :


















Les étudiants écrivirent sur les murs des slogans pacifistes et antifascistes, collectèrent du pain pour des détenus de camps de concentrations et s'occupèrent de leurs familles. Les actions de la Rose Blanche furent prises en exemple à partir de janvier 1943 par des intellectuels du sud de l'Allemagne et de Berlin. Leurs tracts furent également recopiés et distribués à Hambourg par un groupe de jeunes gens en contact avec la Rose Blanche, qui s'était constitué autour de Hans Konrad Leipelt, étudiant en chimie. En février 1943, après la défaite de Stalingrad, Kurt Huber rédigea le sixième tract. Il fut imprimé à plus de 2 000 exemplaires, distribué et envoyé par la poste. Le 18 février 1943, Hans Scholl et sa sœur Sophie lancèrent des centaines de tracts dans la cour intérieure de l'université de Munich ; le concierge les arrêta et les livra à la Gestapo. Ils furent condamnés à mort, car leurs appels au ressaisissement éthique des consciences allemandes fut considéré par les nazis comme un crime politique majeur. Le réseau de Hambourg fut lui aussi démantelé par la Gestapo à l'automne 1943. Hans et Sophie Scholl, ainsi que Christoph Probst, un autre membre du groupe, furent guillotinés le jour même de leur condamnation, le 22 février 1943 ; d'autres résistants, Alexander Schmorell, Willi Graf et le Professeur Kurt Huber furent exécutés quelques mois plus tard. Dix autres membres de la Rose Blanche furent assassinés les années suivantes, dont huit à Hambourg. 80 personnes furent arrêtées dans le sud de l'Allemagne, et 50 personnes dans la région de Hambourg ; elles furent condamnées à des peines de prison allant jusqu'à cinq ans, pour avoir été en contact avec la Rose Blanche.



Sources



La résistance militaire au nazisme.

L'armée allemande et les services secrets étaient très loin d'être unanimement derrière Hitler. Par réalisme ou par conviction (particulièrement animée par une morale religieuse) de nombreux soldats et officiers supérieurs, y compris au plus haut niveau, s'opposaient aux vues de Hitler.

Cependant, le bilan de la résistance militaire est décevant. Même les plus antinazis des militaires avaient du mal à outrepasser leur devoir d'obéissance, leur devoir vis-à-vis de leur patrie et le fameux serment à Hitler. Les hésitations des deux chefs militaires (Halder et Brauchitsch), antinazis et partisans du putsch en parole mais incapables d'agir vraiment en ce sens ont également joué défavorablement.

L'indépendance de l'Armée a été fortement réduite en 1938 lorsque le ministre de la Défense, le général Werner von Blomberg, et le chef de l'armée, le général Werner von Fritsch, ont tous deux été révoqués par le régime nazi. Cependant, les éléments résistants se maintinrent au sein de l'armée.
La résistance au sein des services secrets

Les services secrets formaient le principal centre d'opposition au régime. Par nature, ils pouvaient mener toutes sortes d'opérations incontrôlables par le régime. Les principaux résistants au sein des services secrets furent :

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le général Hans Oster, antinazi depuis 1934 et chef du bureau de renseignement de l'armée à partir de 1938. Il était protégé par le chef de l'Abwehr (service de renseignement de toute l'armée), le célèbre amiral Wilhelm Canaris. Oster a bâti un vaste réseau clandestin de militaires antinazis. Dès 1936, Oster et Gisevius étaient persuadés que la seule solution était de tuer Hitler.
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Hans-Bernd Gisevius (haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur) secondait Oster.
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Hjalmar Schacht, le gouverneur de la Reichsbank, était en contact avec ce groupe d'opposants.

Le coup d’État avorté de 1938

En mai 1938, les chefs de l'armée apprennent l'intention d'Hitler d'envahir la Tchécoslovaquie, risquant ainsi une guerre générale en Europe. Le chef d'état-major de l'Armée, le général Ludwig Beck, jugeait une telle guerre immorale et mauvaise pour l'Allemagne. Fait incroyable, Oster (chef des renseignements militaires allemands) et le général Beck (chef de l'armée allemande) envoient alors des émissaires à Paris et Londres pour conseiller aux démocraties occidentales de résister aux demandes d'Hitler ! Von Weizsäcker (aux Affaires étrangères) envoie aussi des messages privés pour inciter le gouvernement britannique à la fermeté. Britanniques et Français ne sauront pas comment utiliser ces informations.

En août 1938, le général Beck exprima ouvertement son opposition à une guerre contre les Occidentaux au sujet de la Tchécoslovaquie. Hitler renvoya alors Beck, ce qui choqua le corps des officiers. Son successeur comme chef d'état-major de l'Armée, le général Franz Halder, resta en contact avec les opposants Beck et Oster, et disait en privé que Hitler était « l'incarnation du mal ».

En septembre 1938, un coup d'État militaire contre Hitler est préparé avec la complicité du Field Marshal Erwin von Witzleben, chef de la région militaire de Berlin. Le complot comprenait Oster, Gisevius, Schacht, Weizsäcker, Canaris et Halder. Le coup d'État devait intervenir dès qu'Hitler ferait un pas vers la guerre. Le chef de l'armée, le général Walther von Brauchitsch, fut au courant du complot, prévint qu'il ne le soutiendrait pas, mais ne dit rien à Hitler. Exemple du code du silence entre officiers.

Les conjurés espéraient lancer leur coup d'État à l'occasion de la crise des Sudètes entre l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France. Cependant, ces derniers acceptèrent un accord (les Accords de Munich) avec Hitler. La paix était sauvée. Hitler ne passait plus pour un fauteur de guerre. Les officiers avaient perdu leur prétexte pour le renverser. Il faudra attendre le 20 juillet 1944 pour retrouver un complot aussi avancé.
Les projets de putsch de 1939

Avec la remontée du risque de guerre mi-1939, Oster, toujours en contact avec Halder, Witzleben (qui n'est plus à Berlin, ce qui complique les choses), Goerdeler, tente de relancer le projet de putsch. Mais il apparaît que les officiers sont beaucoup moins prêts à suivre. En particulier, les officiers prussiens sont séduits par le projet de Hitler de reprendre Dantzig et la Haute-Silésie à la Pologne.

Georg Elser est l'auteur autonome d'une tentative d'attentat contre Hitler qui faillit aboutir. Restes du Bürgerbräukeller de Munich ; photo prise le 9 novembre 1939, lendemain de l'explosion. Son initiative est complètement indépendante du projet de putsch dont il est fait allusion dans le texte ci-joint. Source : Bundesarchiv.

Fait toujours extraordinaire, les chefs de l'armée continuent cependant de vouloir éviter la guerre et pressent la France et la Grande-Bretagne de montrer leur fermeté face à Hitler : Halder rencontre secrètement l'ambassadeur britannique sir Nevile Henderson pour l'inciter à la résistance. L'objectif était toujours de lancer un coup d’État quand Hitler déclarerait la guerre. Mais Schacht, Gisevius et Canaris n'arrivent pas à obtenir une décision ferme de coup d'État de la part de Brauchitsch et Halder. Quand Hitler attaqua la Pologne le 1er septembre, les conspirateurs furent incapables d'agir.

Le déclenchement de la guerre, avec le réflexe patriotique, la dispersion de l'armée, etc. rendit un projet de putsch plus difficile.

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Halder tenta d'empêcher une attaque de la France durant l'hiver 1939-1940 et resta en contact avec l'opposition via le général Carl-Heinrich von Stülpnagel (un opposant actif).
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Les résistants les plus déterminés veulent tuer Hitler par bombe : Oster et Erich Kordt, qui se dit prêt à mourir lui-même dans l'opération.
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Au quartier général de Zossen (sud de Berlin), un groupe d'officiers appelé Action Group Zossen préparait aussi un coup d’État.

En novembre 1939 quand Hitler paraissait sur le point d'ordonner l'attaque de la Belgique, les conspirateurs persuadèrent le général Wilhelm Ritter von Leeb, commandant le groupe d'armées C à la frontière belge de soutenir le putsch. En même temps, Oster prévint Néerlandais et Belges qu'Hitler allait attaquer. Mais Hitler remit son attaque à plus tard.

L'offensive victorieuse de mai-juin 1940 va détourner l'attention des officiers antinazis et affaiblir l'opposition au sein de l'armée.
Les attentats du groupe de Tresckow (1942-1943)

En mars 1941, Hitler dévoile à des officiers réunis à Posen son projet de guerre d'extermination contre l'URSS. Parmi ces officiers, le colonel Henning von Tresckow, jusque-là antinazi passif, qui décide de passer à la résistance plus active. Nommé à l'état-major de son oncle le Field Marshal Fedor von Bock, chef du Groupe d'armée centre pour l'opération Barbarossa (invasion de la Russie). Tresckow recrute systématiquement des opposants antinazis dans son équipe, en faisant le nouveau centre nerveux de la résistance militaire. Les victoires allemandes de 1941-1942 les empêchent d'agir.

La résistance est également affaiblie par la révocation par Hitler de Brauchitsch et de Bock après l'échec devant Moscou de décembre 1941. En 1942, Oster parvient à remonter un réseau de résistance au sein de l'armée. Sa plus belle recrue est le général Friedrich Olbricht, chef du bureau général de l'armée à l'état-major du Bendlerblock (Berlin) qui disposait d'un système de communications indépendant entre toutes les unités militaires en Allemagne.

Le nouveau réseau Oster associé au groupe de Tresckow dans le Groupe centre constitue un véritable réseau fiable. Tresckow parvient à enrôler partiellement le successeur de Bock : le général Hans von Kluge. Fin 1942 Tresckow et Olbricht préparent un nouveau coup mais ils ne peuvent tuer en même temps Hermann Göring et Heinrich Himmler. En mars 1943, une tentative d'assassinat de Hitler, lors de sa visite au quartier général du Groupe d'armée centre à Smolensk en Russie (les explosifs cachés dans des bouteilles de Cointreau dans l'avion de Hitler n'explosent pas, le détonateur étant gelé par le froid). Les auteurs directs de la tentative sont Tresckow, le lieutenant Fabian von Schlabrendorff. Si l'attentat avait réussi, Olbricht aurait pris la tête du coup d’État.

Une seconde tentative de la part des hommes du Groupe d'armée centre échoua quelques jours plus tard lorsque Hitler visita une exposition de matériel de guerre à Berlin. Un ami de Tresckow, le colonel comte Rudolph-Christoph von Gersdorff devait se faire sauter avec Hitler. Mais Hitler passa trop rapidement et Gersdorff dût filer aux toilettes pour arrêter le compte à rebours.

À partir de 1943, le réseau des Affaires étrangères tenta de prendre contact avec les Alliés via des diplomates dans des pays neutres.

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Theo Kordt, à l'ambassade allemande de Berne, communiqua à la demande des résistants du ministère des Affaires étrangères avec les Britanniques par l'intermédiaire d'intermédiaires tels que Willem Visser 't Hooft, secrétaire général du Conseil mondial des Églises à Genève.
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Le Cercle de Kreisau envoya Dietrich Bonhoeffer et Helmut von Moltke rencontrer George Bell, évêque de Chichester, à une conférence religieuse à Stockholm (Suède). Bell transmit leur message et leurs plans au secrétaire au Foreign Office Anthony Eden.
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Un journaliste américain, Louis P. Lochner, sortit des messages codés d'Allemagne et les transmit à Roosevelt.
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D'autres messages furent envoyés à travers les réseaux catholiques du Vatican, ou via des diplomates à Lisbonne.

Mais les Alliés ne crurent pas ou rejetèrent ces messages, refusant de traiter avec la résistance antinazie.

En août 1943, Tresckow rencontre un jeune officier, le colonel Claus Schenk Graf von Stauffenberg, grand blessé de guerre, catholique, assez mystique, d'opinion nationaliste et conservatrice. Olbricht présente à Tresckow et Stauffenberg un nouveau plan : l'armée de réserve avait un plan appelé opération Valkyrie, destinée à ramener l'ordre en Allemagne en cas de désordres civils. Olbricht suggéra que ce plan soit détourné pour prendre le contrôle de l'Allemagne, désarmer la SS et arrêter les leaders nazis après la mort de Hitler. Il s'agissait de convaincre le commandant en chef de l'armée de réserve, le général Friedrich Fromm. Il s'agissait aussi de parvenir à tuer Hitler. Pour cela, durant l'hiver 1943-1944, les conspirateurs s'attachent à avoir un de leurs hommes proches de Hitler qui, malheureusement, apparaissait de moins en moins en public. Il semble que plusieurs tentatives aient alors échoué de peu.

L'étau se resserre cependant autour des résistants :

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en janvier et février 1944, Moltke puis Canaris sont arrêtés.
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Le 4 juillet 1944, Julius Leber, qui tentait de relier son parti SPD clandestin avec le KPD, est arrêté.



Sources
L'attentat du 20 juillet 1944.

Le 20 juillet 1944, Stauffenberg fait exploser sa bombe à quelques mètres d'Hitler.



Le 20 juillet 1944, Hitler échappe à la bombe qui devait le tuer tandis qu'il examinait des cartes avec ses généraux au Grand Quartier Général de Rastenburg, en Prusse orientale, dans son repaire dit la Tanière du Loup («Wolfsschanze»).

De son nom de code «Walkyrie», cet attentat est le deuxième auquel échappe le dictateur après celui du menuisier Georg Elser, à Munich, en 1939...

En fait d'attentat, il s'agit plutôt d'une tentative de coup d'État par une coalition d'opposants au régime, à un moment où celui-ci est de toute façon condamné : les Soviétiques sont déjà en Allemagne et les Anglo-Saxons ont débarqué en Normandie.

Des militaires antinazis

Les conjurés de l'opération «Walkyrie» veulent tuer Hitler pour renverser le régime et établir à sa place une dictature conservatrice en rétablissant éventuellement la monarchie. Ils espèrent faire la paix avec les Anglo-Américains tout en continuant la guerre contre l'Union soviétique.

Parmi eux figurent plusieurs hauts gradés dont le général à la retraite Ludwig Beck et le général Hans Speidel, chef d'état-major du prestigieux maréchal Erwin Rommel, lequel est informé du complot mais ne s'y associe pas. L'un des plus actifs est le comte Claus von Stauffenberg (36 ans), qui a découvert en Russie, pendant l'hiver 1941/1942, la brutalité des SS. Bien que catholique fervent, opposé à la violence illégitime, il s'est alors convaincu de la nécessité d'assassiner Hitler. Il a combattu ensuite aux côtés du maréchal Rommel en Afrique, où il a perdu un oeil et une main.



Malchance

Nommé en juillet 1944 chef d'état-major de l'armée de réserve du général Fromm, Claus von Stauffenberg participe aux conférences militaires de la Tanière du Loup.

Le 20 juillet 1944, date choisie pour l'attentat, la réunion est avancée à 12h30 au lieu de 13h en raison d'une visite de Mussolini et se tient dans un chalet en bois au lieu du bunker en béton habituel en raison de la chaleur de l'été. Au moment propice, Stauffenberg dépose une valise piégée sous la table, près de Hitler. Puis il quitte la pièce sous le prétexte de donner un coup de fil.

Comme la valise dérange un des militaires, celui-ci la déplace de sorte qu'elle est désormais séparée de Hitler par le lourd support en chêne de la table. Lorsque se produit l'explosion, les parois du chalet sont soufflées, ce qui amoindrit la puissance de l'explosion. Et le Führer, protégé par le pied de la table, n'est en fin de compte que légèrement blessé.

Stauffenberg a vu le chalet se volatiliser et des corps expulsés par les ouvertures. Il est convaincu qu'il ne reste plus personne de vivant à l'intérieur et, sans perdre une minute, se rend à Berlin dans l'intention de participer au soulèvement. À son arrivée à l'aéroport, trois heures plus tard, il téléphone aux autres conjurés et apprend, consterné, que ceux-ci n'ont pas osé déclencher le soulèvement faute de certitude sur le sort de Hitler.

Beaucoup de participants à la conférence ont été tués ou grièvement blessés mais celui-ci et le général Keitel qui se tenait à ses côtés ont eu une chance inouïe... Quand Mussolini arrive pour ce qui sera la dernière rencontre des deux dictateurs, il est accueilli sur le quai de la gare par un Hitler surexcité, les cheveux roussis, le bras partiellement paralysé, qui l'amène sans attendre visiter le lieu de l'explosion... Les deux hommes, après une phase d'agitation, s'installent pour le thé.

Répression

À Berlin, le ministre de la propagande, Joseph Goebbels, reprend habilement la main. À 18h30, la radio annonce que Hitler vient d'échapper à un attentat. À Prague et Vienne, les généraux qui avaient entamé le soulèvement font machine arrière.

Le ministre de l'Intérieur, Heinrich Himmler, prend le commandement de l'armée de l'intérieur. Stauffenberg et d'autres chefs de la conjuration sont exécutés sur place. Le général Beck est contraint au suicide. À 1h du matin, Hitler lui-même s'exprime à la radio et annonce une sévère répression. Il tiendra parole.

L'amiral Wilhelm Canaris, ancien chef de l'Abwehr (le service de renseignement), soupçonné de participation au complot, est envoyé au camp de concentration de Flössenburg où il sera étranglé avec une corde à piano le 9 avril 1945 !

Le 14 octobre, le maréchal Erwin Rommel sera sommé de se suicider. Eu égard à sa grande popularité, Hitler lui accordera des funérailles nationales. Au total, la Gestapo aurait procédé à 7.000 arrestations suite à l'attentat du 20 juillet et 5.000 personnes auraient payé de leur vie cette tentative tardive de se débarrasser du tyran et de laver l'honneur de l'Allemagne. Plus déterminé que jamais, Hitler entraînera l'Allemagne jusqu'au bout de sa folie.



Le Cercle de Kreisau



Le Cercle de Kreisau est l'un des mouvements de la résistance allemande les plus connus. Il n'était pas composé que de membres conservateurs, mais ses membres venaient essentiellement de cette mouvance (officiers et hauts fonctionnaires de l'aristocratie). De 1938 à l'attentat du 20 juillet 1944, il comptait vingt membres actifs et environ vingt sympathisants. Le domaine de Kreisau (Silésie), appartenant à la famille von Moltke, a abrité de 1940 à 1943 des rencontres de fonctionnaires et d'officiers, d'ecclésiastiques catholiques et protestants, d'hommes politiques conservateurs mais aussi sociaux-démocrates. Leurs réflexions devaient préparer une Allemagne postnazie, démocratique, humaniste, sociale et européenne. Le cercle a été créé par un avocat, le comte Helmuth James von Moltke. D'éducation partiellement britannique (par sa mère), il aurait été surnommé le « comte rouge » en raison de ses prises de position sociales découlant de l'éthique chrétienne. Von Moltke fut arrêté début 1944 par les nazis et tué le 23 janvier 1945. En 1940, le Cercle de Kreisau est rejoint par le haut fonctionnaire, le comte Peter Yorck von Wartenburg qui avait fondé un autre groupe de résistance en 1938. Arrêté le 21 juillet 1944, il fut exécuté le 8 août 1944. Le Cercle de Kreisau était en liaison avec d'autres groupes de résistance, tels :

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le groupe de Franz Sperr au sud de l'Allemagne (en contact avec de hauts officiers).
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Un groupe de leaders travaillistes catholiques de Cologne.
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Le cercle de Fribourg.
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Des communistes modérés non staliniens.

À partir de 1943, certains membres du Cercle de Kreisau décidèrent de passer à l'action contre le régime et prirent contact avec Ludwig Beck, Carl Friedrich Goerdeler, Ulrich von Hassel et Claus Schenk von Stauffenberg. La plupart des membres du Cercle de Kreisau furent inculpés de haute trahison après le putsch du 20 juillet 1944 et furent condamnés à mort.

Les principaux membres du Cercle de Kreisau sont :

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le comte Helmuth James von Moltke (avocat).
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le comte Peter Yorck von Wartenburg (haut fonctionnaire).
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Adam von Trott zu Solz (juriste ouvert sur l'international, fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères). Exécuté le 26 août 1944
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Hans-Bernd von Haeften (juriste, très haut fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères). Exécuté le 15 août 1944.
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Julius Leber (ancien député social-démocrate). Exécuté le 5 janvier 1945.
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Theodor Haubach (philosophe socialiste ?). Exécuté le 23 janvier 1945.
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Carlo Mierendorff (ancien député social-démocrate SPD). Mort en décembre 1943 lors d'un bombardement allié à Leipzig.
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Adolf Reichwein (professeur d'histoire social-démocrate). Exécuté le 20 octobre 1944.
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Otto Heinrich von der Gablentz. Proche du socialisme religieux. En contact avec la résistance norvégienne. La Gestapo ignore sa participation au putsch du 20 juillet 1944. Il a survécu à la guerre.
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Carl Dietrich von Trotha (haut fonctionnaire au ministère de l'Économie). Il a échappé à la Gestapo et survécu au régime nazi.
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Horst von Einsiedel (membre du SPD). Destin terrible : s'il échappa à la Gestapo, il sera arrêté en 1945 par les Soviétiques et mourra en 1948 dans l'ex-camp de concentration nazi de Sachsenhausen, alors utilisé par les Soviétiques.
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Theodor Steltzer (haut fonctionnaire de la république de Weimar). En 1940, ayant un haut poste militaire dans la Norvège occupée, où entra en contact avec la résistance norvégienne. Il survécut à la guerre.
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Harald Poelchau (aumônier de prison influencé par le socialisme religieux). Il ne fut pas démasqué par la Gestapo après le 20 juillet 1944.
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Hans Peters (professeur de droit et politique à Berlin). Son appartenance au Cercle de Kreisau ne fut pas découverte par la Gestapo et il survécut.
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Alfred Delp (jésuite, prêtre à Munich, fut rédacteur de la revue catholique Stimmen der Zeit jusqu'à son interdiction en 1941). Arrêté en juillet 1944 et exécuté le 2 février 1945.
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Lothar König (jésuite). Après le 20 juillet 1944, se cacha dans la cave à charbon du collège de jésuites Berchman jusqu'à la fin de la guerre.
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Augustin Rösch (provincial des jésuites responsable du sud de l'Allemagne). Arrêté par les nazis le 11 janvier 1945, mais pas tué.
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Paulus van Husen (juriste et important homme politique du parti centriste en Silésie). Arrêté en août 1944, mais libéré par les troupes soviétiques.
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Hans Lukaschek (important politicien centriste de Silésie, était le membre le plus âgé du cercle de Kreisau). Arrêté le 20 juillet 1944, il est libéré peu avant la fin de la guerre.
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Eugen Gerstenmaier (membre du bureau des relations ecclésiastiques internationales). Arrêté par les nazis en 1944 mais libéré par les troupes américaines.
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le comte Gottfried von Bismarck-Schönhausen, pourtant membre du parti nazi au Reichstag et officier SS.

Le groupe de Carl Goerdeler [modifier]

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Carl Goerdeler, ancien maire de Leipzig sera la figure principale de l'opposition au nazisme dans les années 1940-1941, alors que les officiers ont l'attention détournée par les succès militaires.

Son groupe comptait :

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le diplomate Ulrich von Hassell,
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le ministre des Finances de Prusse Johannes Popitz,
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Helmuth James Graf von Moltke, chef du Cercle de Kreisau,
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Goerdeler était également en contacte avec le SPD clandestin de Julius Leber avec les oppositions catholiques et protestantes.

Résistance en Alsace-Moselle

Article détaillé : Résistance en Alsace et en Moselle annexées.

Il faut mentionner la résistance aux forces allemandes dans ces trois départements français qui sont annexés de facto[15] le 18 octobre 1940[16] au territoire allemand, par un décret d'Hitler dont la publication fut interdite[16], pour former le Reichsgau Westmark[16] (Marche de l'Ouest)[16] (Moselle, Sarre et Palatinat) et le Reichsgau Oberrhein[16] (Haut-Rhin)[16] (Alsace et Bade). Du fait de l'annexion, la résistance dans ces trois départements n'a presque aucune relation avec la Résistance intérieure française, ni ne reçoit de soutien matériel des forces alliées.

En Alsace, la résistance est animée par une base syndicalo-communiste, notamment le réseau Wodli, ou par des conservateurs comme Paul Dungler.

Enfin, il faut signaler que peu avant l'annexion, des dizaines de milliers de personnes ont quitté cette région pour s'installer dans d'autres régions françaises, où ils s'inséreront dans les groupes locaux de la Résistance.
En Moselle

Méconnue dans l'historiographie française, la Résistance dans ce département a été particulièrement forte et populaire. Plus qu'ailleurs, la population vit mal une occupation brutale qui nie la culture locale, avec notamment l'interdiction de parler français. Ainsi dès le 15 août, le rassemblement traditionnel autour de la statue de la Vierge de la place Saint-Jacques à Metz est la première protestation présidée par l'évêque de la ville Mgr Heintz qui sera expulsé dès le lendemain comme 60 % du clergé mosellan.

Sensible au fait que le général de Gaulle ait choisi la croix de Lorraine comme emblème de la Résistance, la population apporte un grand soutien notamment aux prisonniers de guerre évadés pour lesquels le département est point de passage presque obligé (par exemple le futur président de la République François Mitterrand). Le premier sabotage recensé date du 12 août 1940[17]. Le commandant Scharff fonde le groupe « Mission Lorraine » qui s'intègre à l'Armée secrète en mai 1941 puis à l'Organisation de résistance de l'armée (ORA) en octobre 1943. Les deux groupes les plus actifs sont le groupe Mario, autour de Jean Burger et à un degré moindre le groupe Derhan.

Plus de 1 000 Mosellans ont été arrêtés pour faits de résistance et des familles entières (environ 10 000 personnes) ont été déportées en Silésie pour « opposition à la germanisation de la Lorraine ». Il s'agit, en presque totalité, de famille d'ouvriers ou d'employés.

Conclusions :

Beaucoup d'entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée, consciente ou inconsciente, que "l'étranger, c'est l'ennemi". Le plus souvent cette conviction sommeille dans les esprits, comme une infection latente ; elle ne se manifeste que par des actes isolés, sans lien entre eux, elle ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit, lorsque le dogme informulé est promu au rang de prémisse majeure d'un syllogisme, alors, au bout de la chaîne logique, il y a le lager (le camp) ; c'est-à-dire le produit d'une conception du monde poussée à ses plus extrêmes conséquences avec une cohérence rigoureuse ; tant que la conception a cours, les conséquences nous menacent.

Ainsi s'exprimait Primo Levi, dans la préface introductive à son ouvrage Si c'est un homme, récit écrit en 1947 sur son internement au camp d'Auschwitz.

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