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lundi 14 décembre 2009

"Le grand emprunt ne suffira pas à remettre la France sur les rails"

Propos recueillis par Emilie Lévêque -  14/12/2009 17:38:00 
 
Olivier Ferrand, président du think tank proche du PS Terra Nova
L'Etat doit investir chaque année pendant trente ans l'équivalent d'un grand emprunt pour augmenter durablement son potentiel de croissance, estime Olivier Ferrand, président du think tank Terra Nova et membre de la commission Juppé-Rocard sur le grand emprunt.
Ce grand emprunt de l'Etat est-il nécessaire? Va-t-il permettre de "remettre du carburant dans l'économie", selon les termes de Nicolas Sarkozy ?
Oui. La France souffre de deux problèmes concernant l'investissement public. Tout d'abord un problème conjoncturel de destruction du capital productif due à la crise économique. Il est donc légitime de mettre en place un dispositif exceptionnel d'investissement public massif pour reconstituer le capital productif. Le deuxième problème est que la France est en situation de sous-investissement structurel depuis trente ans. Ce qui explique notre déclin économique car nous n'investissons plus dans les secteurs d'avenir.
Peut-il augmenter le potentiel de croissance de la France sur le long terme ?
Le grand emprunt est une réponse ponctuelle pour l'année 2010. Il répond au problème de destruction du capital. Mais ce n'est pas suffisant pour remettre la France sur les rails et lui permettre de retrouver sa place dans le peloton de tête des économies développées. Pour cela, il faudrait que la France consacre chaque année un à deux points de PIB, soit 20 à 40 milliards d'euros, dans les investissements d'avenir. Il faudrait donc investir l'équivalent d'un grand emprunt chaque année dans les 30 prochaines années. La leçon à tirer est qu'il faut désormais flécher une partie du budget annuel de l'Etat vers les investissements de l'avenir.
L'opposition socialiste dénonce un recours à un endettement supplémentaire. Est-ce aussi votre avis?
Le sujet est : est-ce que la politique budgétaire actuelle est la bonne ? Selon moi elle ne l'est pas. Le gouvernement doit revenir sur un certain nombre de politiques publiques contre-productives, comme par exemple la loi Tepa (bouclier fiscal, défiscalisation des heures supplémentaires), qui représente un manque à gagner de 15 milliards d'euros chaque année, ou encore la baisse de la TVA dans la restauration qui coûte 3 milliards d'euros par an. Un quinquennat de loi Tepa équivaut à deux grands emprunts ! Mais supprimer ces mesures ne suffirait encore pas. Il faut faire des choix de politique budgétaire plus lourds. Par exemple, le gouvernement dépense environ 30 milliards d'euros chaque année pour financer les baisses de charge sur les bas salaires. La question est de savoir si l'on veut continuer de financer les emplois non qualifiés d'une économie vieillissante ou si l'on veut utiliser cette somme pour créer de nouveaux emplois qualifiés.
Les domaines d'investissements annoncés par le chef de l'Etat sont-ils les priorités de l'avenir économique de la France?
Oui. L'économie de demain sera à la fois une économie de la connaissance et une économie verte. D'un côté il faut investir dans l'enseignement supérieur et la recherche, de l'autre dans la croissance verte.
Selon Nicolas Sarkozy, le grand emprunt permettra de générer 60 milliards d'euros d'investissement au total, soit 25 milliards d'euros d'investissements supplémentaires du privé. Est-ce réaliste?
On l'espère. L'investissement public a une double légitimité : se substituer à l'investissement privé dans des domaines non rentables économiquement mais socialement, comme la recherche fondamentale par exemple; créer un effet d'entraînement de l'investissement privé dans des domaines rentables mais sur le long terme, comme le TGV à son époque.

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