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dimanche 6 septembre 2009

Sarkozy. Rusé mais incompétent

Juan - Blogueur associé | Dimanche 06 Septembre 2009 à 07:01 

Voici la 122° semaine de Sarkofrance. Où l'on apprend que Nicolas Sarkozy est bien meilleur patron de l'UMP que de la France. Environnement, sécurité, économie, justice, immigration, l'action du pouvoir est erratique, injuste ou liberticide.




En cette 122ème semaine de Sarkofrance, Nicolas Sarkozy a révélé tout son paradoxe: habile politique, il excelle à la manoeuvre, sait rassembler son camp jusqu'à l'improbable Philippe de Villiers, jouit à déstabiliser comme il peut l'opposition à coup de commissions « ouvertes ». Mais sur le terrain de l'action gouvernementale, le président se révèle terriblement inefficace. Insécurité, immigration, environnement, la liste devient longue des preuves de ce que d'aucuns pourraient qualifier d'incompétence. Cette semaine, deux échecs lui sont aisément attribuables: la lutte contre l'insécurité et la mise en oeuvre d'une ébauche de fiscalité écologique.

Incompétence sécuritaire
Lundi, Brice Hortefeux avait soigné sa mise en scène. Confronté à une nouvelle hausse de la délinquance (+4,3% d'atteintes aux personnes à fin août, +12% de cambriolages sur un an), le ministre de l'intérieur avait organisé trois journées de discussion, avec des toutes sortes de participants: lundi, sa table ronde traitait de prévention et des rapports entre police et jeunesse. Parmi les 20 organisations jugées représentatives de la jeunesse, on a pu relever la présence du Raid d'Avnture, présidée par l'ocotgénaire Serge Dassault...

Lundi, on n'a évidemment pas parlé de l'ancien Premier Flic de France entre 2002 et 2007. Nicolas Sarkozy fut le premier à stigmatiser la jeunesse des banlieues, des promesses de "nettoyage au Karchër" jusqu'aux émeutes de novembre 2005. Depuis 2007, le Jeune, si possible banlieusard, est toujours l'un des boucs-émissaires préférés de la Sarkofrance. Mardi, on parlait "répression" et riposte. Mercredi, Nicolas Sarkozy a complété le spectacle. Sans prévenir, il s'invite à la réunion, et traverse à pied, devant les caméras et journalistes, la rue qui sépare l'Elysée du ministère de l'intérieur. En sortant, il proclame sa détermination: c’est «un discours très lucide, très ferme que j’ai tenu et je me suis engagé sur des résultats, ces résultats, vous verrez, nous les aurons». La campagne présidentielle de 2012 est lancée. L'insécurité et l'immigration, les deux mamelles de la droite en campagne, sont de retour.

Incompétence écologique
Mercredi, François Fillon tente d'éteindre la polémique déclenchée par la gauche sur la taxe carbone. Il précise, sans surprendre, les modalités du futur impôt: elle sera trop modeste pour efficace (14 euros la tonne de carbone, un niveau inférieur de moitié au seuil recommandé par Michel Rocard), trop élevée pour être indolore, mal compensée pour être juste (suppression partielle de la taxe professionnelle pour les entreprises, réduction de l'impôt sur le revenu pour les 50% de foyers qui le payent). Fillon reste flou sur la compensation de cette nouvelle TVA pour les plus pauvres. Mais dès le lendemain, Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, annonce que le président, qu'elle vient de rencontrer, n'a rien décidé. Jean-Louis Borloo, absent des débats, confirme.

En quelques heures, la droite s'est carbonisée. Le soufflet Fillo est retombé. Coup d'épée dans l'eau, les déclarations de Fillon ne rassurent pas. Sarkozy maintient le suspense: «C'est un débat qui se poursuit démocratiquement avec différents partenaires» explique Borloo. Un sondage vient de tomber. Deux tiers des Français interrogés seraient hostiles à la taxe carbone. Vendredi, Sarkozy lui-même reprend en main le dossier, à l'occasion d'une réunion interministérielle. Il annoncera « Sa » décision lui-même la semaine prochaine, sans doute jeudi lors d'un déplacement en province. Sarkozy a surtout gâché une occasion historique, en carbonisant lui-même la taxe carbone.

Présentée puis défendue comme un impôt uniforme, cette première ébauche de fiscalité écologique a suscité inquiétudes et désaccords dans l'opinion publique. A son corps défendant, il a aussi permis de clarifier un point essentiel. Le souci écologique, à droite, reste modeste, et socialement injuste. La droite ne cherche pas qu'à corriger les comportements polluants à la marge, sans souci d'efficacité réelle ni de justice sociales. L'électeur est prévenu.

Incompétence républicaine
Comme par hasard, le ministre d'Eric Besson présentait jeudi son bilan, après 8 mois d'activité depuis son remplacement de Brice Hortefeux. Une opération de communication sans enjeu, puisque le ministre n'avait pas grand chose à annoncer. Evidemment, le ministre UMP s'est félicité de ses statistiques, jetées en pâture à l'assemblée présente, comme ces 17 350 "éloignements". Le ministère ne précise pas combien de rétentions et d'interpellations ont été nécessaires pour parvenir à ce chiffre; ni combien de "nouveaux" Européens (roumains, bulgares, etc) sont concernés (aussitôt expulsés, ils peuvent revenir). Besson souligne aussi ses 3 043 interpellations de « trafiquants de migrants » , sans préciser la proportion de ces arrestations qui ont débouché sur des condamnations, la présomption d'innocence vaut peu. « Arrogance, vulgarité, démagogie », M. Besson a vite appris de ses nouveaux amis. « On dirait du Frédéric Lefebvre ! », a répondu, le lendemain, RESF. On ne saurait mieux dire.

Eric Besson n'a pas non plus de regret ni de scrupules à faire retenir des familles entières dans les centres de rétention. Le même jour, jour de rentrée des classes, le cas du petit Chama, 5 ans et demi faisait l'objet d'un peu de couverture médiatique. Son père est menacé d'expulsion. Le cas échéant, Chama finira à la DASS. Eric Besson veut faire oublier 8 mois de polémiques en tous genres: délit de solidarité, régularisation des sans-papiers qui dénonceront leur propre passeur, conflit avec la Cimade à propos de l'attribution de la gestion de l'aide aux clandestins détenus dans les CRA, épidémie de gale dans le Nord, rétention d'enfants de sans-papiers, inefficacité budgétaire dénoncée par la Cour des Comptes.



Sarkozy. Rusé mais incompétent

Incompétence judiciaire
Mardi, le président français recevait le fameux rapport de la Commission Léger sur la réforme de l'instruction. Sans surprise, les « experts » ont suivi la recommandation présidentielle principales de janvier dernier: le juge d'instruction serait supprimé, les enquêtes confiées au procureur, sous l'autorité du Garde des Sceaux. Le contrôle des instructions serait confié à un juge de l’enquête et des libertés. L'absence d'indépendance institutionnelle et hiérarchique des procureurs vis-à-vis du pouvoir politique en place ne pose aucun souci aux promoteurs de la réforme. Il faut dire que la Commission Léger comportait du beau monde: Thierry Herzog, avocat de ... Nicolas Sarkozy; un adjoint au sous-directeur de la police judiciaire au ministère de la défense d'Hervé Morin; Me Hervé Lehman, avocat récent d'un sénateur UMP , ou Gilles-Jean Portejoie, avocat de Jacques Mellick, de Bernard Tapie, Kofi Yamgnane ... et de Johnny Halliday.

Deux autres membres ont été promus par le ministère de la Justice, depuis leur nomination à cette commission. Les auteurs du rapport ont aussi d'autres idées, comme l'allègement des procès d'assises en développant le « plaider-coupable », le renforcement du rôle de l'avocat dans les gardes à vue, le raccourcissement des détentions provisoires, ou la dépénalisation des violations du secret de l'instruction. Coïncidence des dates, le parquet annonçait cette semaine avoir classé sans suite l'enquête préliminaire sur la nomination contestée de François Pérol, ancien conseiller économique du président, à la tête des Banques Populaires et des Caisses d'épargne. Samedi dernier, Eric Woerth avait déjà surpris tout le monde par sa clémence, en menaçant 3000 contribuables exilés en Suisse de représailles s'ils ne régularisaient pas leur situation d'ici le 31 décembre. Sacrée Sarkofrance, toujours plus indulgente avec les puissants et les riches...

Incompétence économique
La France résiste à la crise, on le sait, grâce à un simple fait, un atout historique et social qui a peu à voir avec les gesticulations du monarque élyséen: un actif sur deux a une rémunération déconnectée des aléas de l'économie de marché. En cette rentrée, l'inquiétude demeure pourtant. Le gouvernement avait trois contre-feux à sa disposition: le RSA, les bonus bancaires et ... la grippe A.
Le dispositif social du RSA est malheureusement lent au démarrage. Sur les 800 000 demandes d'inscription depuis juillet, à peine 35% ont été servies. Sur le front de la régulation de la finance mondiale, le spectacle est prévu pour la fin du mois, lors du « G-vain » de Pittsburgh. « Haro sur les bonus  » s'est exclamée Christine Lagarde en arrivant à Londres pour une réunion préparatoire avec ses collègues des Finances.

Quelques heures auparavant, Gordon Brown avait promis officiellement d'étudier toutes les pistes pour réguler ces fichus bonus. Sarkozy et Merkel, qui se sont mis d'accord lundi, exultent. Pourtant, les Etats unis et le Royaume Uni préfèreraient que le G20 travaille à l'encadrement des marchés boursiers, dont l'effondrement il y a un an a failli provoqué une asphyxie financière mondiale. En France, Sarkozy tient à son bouc-émissaire, et qu'importe la régulation des marchés.

Quant à la grippe A
, elle fournira encore pour plusieurs mois une diversion adéquate aux difficultés économiques du pays. Mais elle ne suffira pas à cacher bien longtemps la réalité. Quelques 70 000 entreprises françaises vont disparaître cette année. La sombre prévision n'émane pas d'un gauchiste de service mais de Laurence Parisot. Le « succès » de l'auto-entrepreneuriat masque mal le désastre. Mercredi, l'INSEE confirmait la dégradation du chômage au second trimestre. Jeudi, Nicolas Sarkozy s'est déplacé avec Laurent Wauquiez chez un sous-traitant automobile. On le retrouve, filmé de face, livrant son monologue, devant une assistance triée et silencieuse. Il alterne promesses (comme la tenue d'Etats Généraux de l'industrie), leçons (« La crise, on en sortira quand le chômage commencera à reculer. C'est ma grille de lecture ».) et bons mots: il raille ainsi les fonctionnaires, une fois de plus, en "plaisantant" sur « leur petit bureau », et leur «affiche de la Polynésie pour rêver». Mais qui l'écoute encore ?

Insécurité, environnement, économie, le mythe de la droite compétente a vécu.

Ami Sarkozyste, où es-tu ?

Retrouvez les articles de Juan sur le site Sarkofrance

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