Clocks for website
<a href="http://www.clock4blog.eu">clock for blog</a>
Free clock for your blog

jeudi 27 août 2009

Sarkozy: le style étouffe la politique

Elie Arié - Tribune | Jeudi 27 Août 2009 à 12:01 | Lu 1366 fois

Nicolas Sarkozy, on le déteste ou on l'adule, en tout cas, on n'y est pas indifférent. Elie Arié, cardiologue et enseignant, s'interroge: et si, en attirant l'attention sur sa personne, sur son style, Nicolas Sarkozy avait réussi à étouffer le débat politique?


On mesure mal l’effet négatif de la victoire de Sarkozy aux présidentielles de 2007, qui n’est pas là où on le situe le plus souvent.

Tout élu à la présidence de la République est dévoré par une ambition sans mesure depuis des années et victime d’un ego surdimensionné, qualités (ou défauts ?) sans lesquels il est impossible d’accéder à cette fonction, et que chacun dissimule plus ou moins bien ; l’originalité de Sarkozy consiste à ne pas avoir, contrairement à ses prédécesseurs, cherché à les masquer derrière une personnalité de façade fabriquée à l’usage des médias et de l’opinion.

Sans tomber dans la psychologie du café du commerce, il est difficile de ne pas être frappé par l’immaturité d’un personnage à qui tout a réussi trop tôt (maire de Neuilly à 28 ans, profitant d’une hospitalisation de son protecteur Charles Pasqua pour le trahir), immaturité responsable de l’affichage de son goût du pouvoir et de l’argent que, contrairement à ses prédécesseurs, il a cru pouvoir impunément manifester par une cascade de « gaffes » successives : soirée du Fouquet’s, week-end aussi bref et inutile que provocateur sur le yacht de Bolloré, triplement de son salaire de président, modification de la Constitution pour avoir le droit (sans aucune portée politique) de s’adresser au parlement, phrase lancée en public à Jean Daniel « la différence entre vous et moi, Jean Daniel, c’est que, moi, j’aime l’argent », affichage public de son mépris envers tous ses ministres et surtout envers le premier d’entre eux (qui n’a, en réalité, rien d’original, et chacun connaît les sentiments réels qu’éprouvait Mitterrand envers Rocard), etc.

Si cette série de gaffes a eu un effet dévastateur en termes d’image, dont il a fini par prendre conscience au point de tenter de les effacer par sa récente interview-fleuve au Nouvel Observateur, il faut bien reconnaître que, politiquement, elles sont sans importance : si nous n’avions rien d’autre à reprocher à Sarkozy en tant que président de la République, il aurait été le meilleur de tous ceux que nous ayons jamais eus.

Plus ennuyeux, politiquement, sont les effets de cette immaturité lorsqu’ils se manifestent par une obstination et un amour-propre d’enfant gâté à ne pas vouloir revenir sur certaines erreurs patentes parce qu’elles émanent de lui seul et qu’il les a imposées à son entourage qui y était unanimement hostile : il s’agit, bien entendu, du bouclier fiscal et des franchises médicales.
Politiquement, ces mesures ont des effets limités : le bouclier fiscal des hauts revenus ne prive le budget de l’Etat que de 3 milliards d’ euros par an, les franchises médicales ne font économiser que 800 millions d’ euros à l’Assurance-Maladie et viennent se rajouter à bien d’autres sommes plus importantes laissées à la charge des malades depuis toujours : mais Sarkozy a ignoré l’effet symbolique de telles mesures, bien plus important que leur effet financier ; ou, bien plus grave encore, il ne les ignore pas, et seul son amour-propre l’empêche de revenir dessus - ce qui est inquiétant pour un responsable politique.

Pour le reste, c’est-à-dire pour l’essentiel, il aura mené une politique classique d’adaptation de la France à la mondialisation et au libéralisme économique, dont on trouve l’équivalent obligé dans la plupart des autres pays de l’Union Européenne, politique qui le rapproche surtout, « objectivement », du blairisme britannique (beaucoup plus que du thatchérisme : il n'a jamais tenté de « casser » les syndicats), avec une mise en scène de son action qui lui a sans doute nui, mais qui n’a pas changé grand’chose sur le fond ; politique dont il faut reconnaître que l’essentiel des mesures avaient été clairement annoncé pendant sa campagne électorale : personne ne peut prétendre avoir été pris par surprise ; bien entendu, cette campagne contenait son lot habituel de promesses oubliées (meilleur remboursement par l’assurance-maladie des soins dentaires et optiques, mais aussi le fameux « karcher » qui devait ramener l’état de droit dans les banlieues qu’il avait déserté...) : mais, là encore, rien d’original par rapport à tous ses prédécesseurs.

Sarkozy a mis fin au débat politique

Et c’est là que l’on touche à la conséquence la plus grave de la victoire de Sarkozy de 2007.

C’est par son style, et non par le fond de sa politique qu’il a contribué à installer dans une partie de l’opinion une image absurde de « dictateur », de « fasciste », d’« ultralibéral », etc. ; c’est par la personnalisation de sa façon d’exercer le pouvoir qu’il a fait dévier, dans ce pays, le débat politique vers un débat de personne.

L’opposition s’est malheureusement engouffrée dans cette faiblesse qui ne porte que sur la forme, et non sur le fond, estimant que l’anti-sarkozysme pourrait, à lui seul, lui tenir lieu de politique alternative crédible, et lui permettrait de faire oublier que, si elle était au pouvoir, elle aurait, comme lui, fait ratifier d’une façon ou d’une autre le TCE rejeté par referendum par les Français et qu’elle avait majoritairement soutenu, exercé son pouvoir dans le cadre auto-imposé de la « concurrence libre et non faussée » qui ne lui laisse qu’une marge de manœuvre bien étroite, et aurait dû s’attaquer aux problèmes de la dette, du déficit de la Sécurité Sociale, du déficit du régime des retraites par répartition, des privilèges archaïques des régimes spéciaux des retraites, de l’indispensable réforme des Universités et de l’ Education Nationale, d’une politique claire sur l’immigration, etc., sujets sur lesquels elle est incapable d’énoncer le moindre contre-projet lui permettant de se différencier clairement de Sarkozy.

Oui, le plus grave, dans la victoire électorale de Sarkozy, est que le « il faut virer Sarkozy » a mis entre parenthèse tout débat et toute réflexion politiques de fond dans ce pays ; une victoire de Ségolène Royal en 2007 l’aurait obligée à s’attaquer à toutes les questions essentielles soigneusement laissées de côté pendant sa campagne (« on fera une grande Table Ronde », « on réunira des Etats Généraux », « on consultera tout le monde », etc.).

Et si, en réalité (mais j’ai du mal à le croire), en adoptant un style de gouvernement insupportable, Sarkozy avait volontairement réussi à étouffer toute pensée politique, à obnubiler l’opinion sur le « casse-toi pauvre con » et le Fouquet’s pour la détourner d’une réflexion approfondie sur les retraites ou l’assurance-maladie ? Stratégie volontaire ou pas, le résultat est le même.

Mon commentaire :

Comme dirait la mère Denis :

  • bon mais c'est ben vrai tout ça.....

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire